La Figuration Libre, à l’instar des Cabinets de Curiosité et du Musée Imaginaire, a été et reste un mouvement manifeste ouvert sur un monde sans frontières.
Dans la continuité d’autres mouvements historiques comme le cubisme ou le surréalisme, le premier ayant affranchi notre regard sur les arts primitifs, le second ouvert ses portes à l’art des aliénés et au dessin d’enfant, la Figuration Libre a picturalement militée pour que les lieux d’expositions, plateformes de rencontres entre l’art et le public, soient un espace de liberté ouvert à toutes les formes de création sans frontière de genre et d’origine, sincèrement curieux et clairement respectueux de la diversité constituante des cultures.

La Figuration Libre milite pour que les arts dits mineurs, musique, cinéma, photo, bande dessinée, côtoient sans discrimination les arts dits majeurs.

Depuis quelques décennies, la pédagogie artistique est au centre des réflexions et des débats. La culture, dans toute cette diversité qui la confond avec la vie, est la nourriture de chaque créateur. Les lieux d’expositions, dans leur grande majorité, continuent à nous montrer que les restes de ces festins, les cadavres, parfois exquis, de cette Grande Bouffe.
« Dieu mange en cachette, et le diable court partout lécher les plats » (Diadorim de Joào Guimaràes Rosa). La Figuration Libre reste un mouvement d’avant-garde militant pour le partage avec le plus grand nombre de cette nourriture dont ce repaît trop souvent seul les artistes (Dieu) et leurs proches (le diable). Seule cette invitation au partage peut garantir une approche pédagogique et éthique de l’art.

Cette revendication propre à la Figuration Libre, on l’aura compris par la nature même de cette liberté convoquée, n’est pas une règle en soi mais l’expression d’un manifeste qui, comme tout manifeste, contient sa part d’excès et de vérité.

La Figuration Libre a été symboliquement l’une de ces « portes du temps » par laquelle l’histoire des groupes, les avant-gardes, a rejoint celle des individus. Jusqu’à la fin des années 70 l’art était celui des écoles et de leurs uniformes. Depuis le milieu des années 80 l’uniforme n’est plus de rigueur, l’art est devenu protéiforme à l’image d’une diversité de moyen d’expression et de représentation sans précèdent. Il nous reste à manifester, à exposer, cette diversité dans toutes ses composantes.

Hervé Perdriolle, novembre 2008